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Robert Desnos, l’artisan du surréalisme

 

Révolution de la poésie et de l’art en utilisant le décousu du rêve, les inconséquences et les incohérences du subconscient, Robert Desnos est l’un des inventeurs du surréalisme. Poète, journaliste, animateur et publicitaire à la TSF, critique de cinéma et de disques, chansonnier, créateur de scénario et de cantates, écrivain, peintre, cet autodidacte explore tous les moyens d’expression et toutes les cultures de son époque, avec le secret espoir de les métisser. De créer un langage nouveau compris de tous.

 

 

Dans le Paris de l’Occupation, ce  fou de liberté menait deux vies qui ne devaient jamais se croiser mais dont la rencontre conduira à son arrestation le 22 février 1944.

Le 4 juillet 1900, Robert-Pierre Desnos voit le jour aux Halles, fils de Claire et Lucien Desnos, mandataire en volailles et gibiers. Lucien Desnos fonde de grandes espérances sur la précocité de son fils à parler, qu’il surnomme Monsieur Pourquoi, tant il est curieux et intarissable. La poésie de Desnos se nourrira des odeurs fortes de son village natal aux couleurs vives sur le mur encrassé des vieilles façades, aux lumières mystérieuses la nuit et dont les noms des ruelles forment des chansons : Lavandières-Sainte-Opportune, Coutures-Saint-Gervais, Grande et Petite Truanderie ou prennent le nom de métiers : Verrerie, Ferronnerie…

 

A l’école, Robert Desnos se révèle être un élève dissipé, faisant rire ses camarades par les histoires qu’il invente et ses blagues qui n’ont pas toujours l’heur de plaire aux enseignants :  « Robert à l’étude bavarde au lieu de travailler, pourrait mieux faire, indiscipliné,distrait, dissipé, désobéissant ». Rien que des D répond-t-il à son père furieux. On n’est pas loin du tautogramme. Seul le cours d’histoire l’intéresse et plus particulièrement l’épisode de la Révolution française. Il va jusqu’à fabriquer une parenté mystique entre ses deux prénoms et Robespierre dont il fait une icône.

 

La poésie m’a sauvé. A quatorze ans, un événement va bouleverser la vie de l’adolescent : l’horreur de la première guerre mondiale « Si je n’avais pas rencontré la poésie, il n’y aurait eu que deux voies pour moi : tuer ou me tuer pour ne pas tuer. A moins que je sois devenu fou ? Parce que j’ai beau parler tout le temps de la mort, et prétendre que je n’aime pas la vie, elle, la vie, elle m’aime. Elle me tient. C’est pourquoi sans doute elle, la vie, m’a mené au bord de la poésie. Et je me suis jeté dans cet estuaire et je me suis fait sourd à la tragédie où nous étions tous plongés. »

 

Comment supporter le suicide des peuples, la douleur des familles, aux Halles comme ailleurs, d’apprendre qu’un des leurs ne reviendra jamais ? Robert se réfugie dans un rêve éveillé qui un jour lui fera écrire : « En silence mes yeux prononçait un bruyant discours ». Au collège Turgot, élèves et enseignants ne parlent que du front, des batailles, des menaces. Seuls Robert Desnos et Monsieur Gayot, son professeur de français, discutent littérature et poésie. Ils s’affrontent sur le terrain de l’alexandrin, le vers libre, la rime, le sonnet. Ils s’excitent sur Baudelaire, condamné pour pornographie, ou Verlaine, ivrogne aux mœurs scandaleuses.

 

« J’ai rencontré la poésie sous toutes ses formes , confiera-t-il à Dominique Desanti en 1940. Nous discutions : parnassiens ou symbolistes, Banville et Heredia. Ah, leur belle ouvrage ! N’empêche : je leur récitais Hugo, Victor Hugo, l’inégalé. Et Nerval ! L’enseignant, lui nous révélait avec ferveur un prof d’anglais au nom aussi mystérieux que ses vers : Stéphane Mallarmé. Et puis un jour sur les quais, j’ai découvert Alcools de Guillaume Appolinaire. Je l’ai lu avant même de connaître « Le Bateau ivre » qui m’enivra suffisamment pour que je le pastiche. Le pastiche est à l’apprenti poète ce que la copie dans les musées est au rapin. Je me suis coulé à la fois dans Hugo et dans Baudelaire. Mon rêve d’autodidacte était de tout bouleverser mais j’ignorais comment. Je cherchais déjà le domaine des chevaliers du surréel, en ces années où eux-mêmes ne s’étaient pas trouvés. »

 

Les visiteurs du hasard. En 1916, Robert Desnos obtient son brevet élémentaire mais au grand dam de ses parents décide d’arrêter ses études pour écrire. Son père le chasse du foyer familial. Il part vivre sa vie et sa mère lui arrange une mansarde rue de Rivoli. Au hasard de ses déambulations dans le jardin du Luxembourg, il fait une rencontre un peu musclée avec un groupe d’anarchistes dont l’un est rescapé de la bande à Bonnot. Un jeune homme au col amidonné et manchettes le tire de ce mauvais pas : Henri Jeanson, journaliste pigiste, pacifiste anarchisant, fou de cinéma. Aussitôt naît une amitié indéfectible qui durera toute leur vie. Bientôt leur duo s’enrichit de deux amis à vie : Armand Salacrou, fils de bourgeois en rupture avec les comme-il-faut et Georges Limbour. Tous deux ont troqué l’étude de la médecine pour celle des lettres. Ils formeront le groupe des Mousquetaires.

 

Grâce à ses relations de bistrot, Robert Desnos décroche le poste de secrétaire particulier de Jean de Bonnefon, qui lui ouvre les portes de la Bibliothèque Nationale pour les travaux de documentation. Un paradis pour cet affamé de culture.

 

Vers 1918, les Mousquetaires entendent parler d’un groupe à Zurich baptisé Dada qui veut tout démolir en commençant par la langue et le sens des mots. Mais ce sont Aragon, Breton, Eluard et Soupault qui insuffleront le surréalisme dans la poésie avec leur recueil Les Champs .Magnétiques où les phrases de l’un et de l’autre alternent comme ça leur vient, sans plan ni sujet préconçu. Se reconnaissant dans ce nouveau mouvement, Robert Desnos confie, avant son départ pour le service militaire, ses deux premiers poèmes « Ode à Coco » et « Fard des Argonautes » à l’un de la bande à Breton, Benjamin Péret, qui resteront lettre morte. Roger Vitrac les remettra plus tard au Pape Breton qui s’écriera : « c’est encore tout engoncé de Baudelaire et de Rimbaud, mais c’est un poète. » Et Desnos obtient ce qu’il souhaite le plus au monde : un rendez-vous avec André Breton. Il deviendra un habitué du 42 rue Fontaine où vivent André Breton et Simone, son épouse.

 

 

Deux années de vie militaire au Maroc décapent Robert Desnos. Adieu les vers bien rythmés. De retour en 1922, il entre dans le groupe surréaliste de Breton, Aragon, Soupault, Eluard, Tzara, Péret, Crevel alors que la rupture entre Breton et Tzara est déjà amorcée. C’est le temps des grands sommeils hypnotiques dont il devient la vedette. Il  invente des aphorismes souvent en forme de contrepèteries poétiques et érotiques, sous le pseudonyme Rrose Sélavy, inventé par Marcel Duchamp : « Suivrez-vous Rrose Sélavy : « au pays des nombres décimaux où il n'y a décombres ni maux ? » ; « Rrose Sélavy affichera-t-elle longtemps au cadran des astres le cadastre des ans? » ; « Nos peines sont des peignes de givre dans des cheveux ivres. »... Une partie de ces aphorismes sera reprise dans le recueil Corps et biens (1930).

La mystérieuse étoile de mer. Lors d’une soirée au Boeuf sur le toit avec la bande des surréalistes, Robert Desnos tombe éperdument amoureux d’une chanteuse : Yvonne George, son étoile de mer. Foudroyé par ses yeux violets, il l’accompagne dans les séances de drogue et compose des chansons. Cependant Georges Van Parys, Jean Wiener et Erik Satie ne sont pas inspirés par les vers de Desnos. Il composera pour la chanteuse un de ses plus beaux poèmes La Mystérieuse.

 

Hélas, hormis Jean Cocteau et Robert Desnos, la chanteuse préférait les femmes aux hommes. En dépit d’une haine réciproque, les deux hommes accompagneront jusqu’au bout la Mystérieuse dans sa descente aux enfers. Ils la feront admettre dans une clinique suisse, organiseront un récital pour récolter des fonds. Au désespoir de Desnos, elle meurt à Gênes le 22 avril 1930.

 

Le bureau de recherches surréalistes. Pendant des années, le groupe des surréalistes dit des moins de trente ans, invente des jeux pour transmuer la grisaille en feu, un don majeur que possédait Robert Desnos tant par la parole, le geste, l’écrit ou le dessin. Dès 1924, le groupe se produit sur sa scène favorite : les cafés. Objectif révolutionner les habitudes et l’apparat organisé. Le 5 juillet 1924, André Breton écrit «  Le surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète ».

 

Desnos comme d’autres écrit au café. Après 1927, il devient un habitué de la Coupole. Dans un bistrot inconnu derrière Montparnasse, il fait la connaissance d’un certain Jean Mirô et de Jean Masson, tous deux peintres et amateurs de jeux de mots et de cadavres exquis. Desnos admire les dessins automatiques de Masson et l’insolite des couleurs et des formes de Mirô.

 

L’engagement politique. A la fin des années 20, intellectuels et artistes s’engagent pour un pays en construction : l’URSS. Ils considèrent même de leur devoir de soutenir cette cause qui hait les régimes dits bourgeois, en dépit des mensonges de la propagande. Desnos approuve cette révolution, qui veut abolir les classes, mais pense qu’elle est utopique. Après bien des tergiversations, contrairement à Eluard, Aragon et Breton, il ne prendra jamais sa carte au Parti Communiste. Il décrira la révolution comme un tyrannique fantôme rouge.

 

Robert Desnos publie chez Léon-Pierre Quint, amateur de nouveauté littéraire, La liberté ou l’amour suivi de Deuil pour deuil mais comme Baudelaire, il verra son œuvre amputée d’une soixantaine de pages pour attaque contre l’église et pornographie !

 

Les poètes reviennent peu à peu à l’écriture tandis que les artistes s’intéressent de plus en plus près à ce qui n’a pas encore le droit de cité en France, et qu’à New-York on baptisera un jour « le kitsch », suivi du « pop art ». Le mouvement surréaliste s’essouffle. Robert Desnos comme les autres supporte de plus en plus mal les sautes d’humeur, les phrases cinglantes et parfois les gifles du Pape Breton. Le groupe éclate. En réponse aux attaques de Breton, Desnos et ses amis publient un tract intitulé « Le cadavre », loin d’être exquis, le 15 janvier 1930.

 

Cuba. Dès 1926, Robert Desnos rencontre de nombreux Latino-américains à Montparnasse. C’est ainsi qu’en février 1928, il embarque pour la Havane pour assister au congrès de la presse latine. Ce voyage marque une nouvelle étape dans sa vie, il y rencontre Alejo Carpentier et découvre la culture espagnole. Conscient du danger qu’encourt Alejo Carpentier sous la dictature de Machado, il le fait entrer clandestinement sur le paquebot qui le ramène en France. Il publie une série de cinq articles dans Le Soir sur cette société métissée qui défend farouchement sa liberté. Quelques années plus tard, en 1935, lors d’un voyage en Espagne, il se liera d’amitié avec Pablo Nureda et Frédérico Garcia Lorca, qui sera assassiné par les nationalistes. Il composera la fameuse cantate :


Savez-vous la nouvelle

García Lorca va mourir 

L’annonce aux hommes

CHOEUR Les champs sont gorgés de soleil
Les fleuves sont secs
La terre les a bus
Les moissons dorment dans les greniers
Qu’il fera bon rêver tout l’été
En buvant le vin des outres

 

SOLO Alerte !
La rouge moisson des libertés s’apprête
Alerte !
Demain, cette nuit, aujourd’hui
Alerte !
García Lorca est déjà mort.

 


Désormais, pour Desnos, la poésie devient une exhortation à vivre égaux, à vivre en fraternité.

La sirène. A son retour de Cuba, le 3 avril 1928, Robert Desnos fait la connaissance de Youki, l’épouse du peintre Foujita qui lui déclare alors qu’il ôte ses lunettes : « Vous avez des yeux d’huître. C’est joli ». Robert Desnos prend bientôt ses quartiers dans la maison du couple au Parc Montsouris. Mais soudain un orage éclate. Foujita est rattrapé par le fisc et le couple s’enfuit à New-York. Robert est chargé de liquider la maison et les tableaux. De retour en France, sans argent, les Foujita, dont les relations se dégradent, s’installent avec Robert Desnos. Et la vie de plaisirs reprend ses droits. Cependant la rupture est pratiquement consommée entre les époux. Le peintre partira laissant la Sirène au poète.

La grande crise touche la presse. Les journaux disparaissent. Robert part à la chasse aux piges. Pour subsister, il travaille dans une agence immobilière. En novembre 1931, dans son agenda, on peut lire :


Ci-gît Robert Desnos

Il lui fallut beaucoup de plomb

Dans la tête

Pour enfin dormir

De ce bon sommeil de plomb


Néanmoins, la chance lui sourit au hasard de ses déambulations. Il rencontre Lise Meyer, l’une des muses du surréalisme, une vieille connaissance, devenue Madame Paul Deharme qui a fondé une agence de publicité et d’artistes pour la TSF : « Paul, a besoin de quelqu’un comme vous. » C’est ainsi qu’il commence à Radio Paris l’ancêtre de RTL Robert propose des scénarios, des histoires. Mais l’ombre menaçante d’Hitler se profile. Sous couvert du feuilleton « Fantômas », il dénonce la guerre avec la complicité d’Antonin Artaud. Puis un soir arrive un poulain sauvage : Jean-Louis Barrault suivi de Madeleine Renaud. Les deux couples resteront inséparables.

 

Hélas la guerre éclate en 1939 et Robert Desnos est mobilisé comme sergent fourrier sur la ligne Maginot. Echappant à l’ennemi, il revient à Paris, après la défaite. Henri Jeanson qui vient du Canard enchaîné et du Crapouillot, le fait entrer dans un quotidien fondé par l’occupant, Aujourd’hui. Ils pensent mine de rien, déminer l’idéologie nazie et vichysiste par sous-entendus. Parallèlement Desnos appartient au réseau de résistance «Agir».  Position périlleuse qui conduira à l’arrestation de Robert Desnos chez lui par la Gestapo le 22 février 1944. Déporté à Auschwitz, il meurt du typhus le 8 juin 1945.La sirène. A son retour de Cuba, le 3 avril 1928, Robert Desnos fait la connaissance de Youki, l’épouse du peintre Foujita qui lui déclare alors qu’il ôte ses lunettes : « Vous avez des yeux d’huître. C’est joli ». Robert Desnos prend bientôt ses quartiers dans la maison du couple au Parc Montsouris. Mais soudain un orage éclate. Foujita est rattrapé par le fisc et le couple s’enfuit à New-York. Robert est chargé de liquider la maison et les tableaux. De retour en France, sans argent, les Foujita, dont les relations se dégradent, s’installent avec Robert Desnos. Et la vie de plaisirs reprend ses droits. Cependant la rupture est pratiquement consommée entre les époux. Le peintre partira laissant la Sirène au poète.

La grande crise touche la presse. Les journaux disparaissent. Robert part à la chasse aux piges. Pour subsister, il travaille dans une agence immobilière. En novembre 1931, dans son agenda, on peut lire :


Ci-gît Robert Desnos

Il lui fallut beaucoup de plomb

Dans la tête

Pour enfin dormir

De ce bon sommeil de plomb


Néanmoins, la chance lui sourit au hasard de ses déambulations. Il rencontre Lise Meyer, l’une des muses du surréalisme, une vieille connaissance, devenue Madame Paul Deharme qui a fondé une agence de publicité et d’artistes pour la TSF : « Paul, a besoin de quelqu’un comme vous. » C’est ainsi qu’il commence à Radio Paris l’ancêtre de RTL Robert propose des scénarios, des histoires. Mais l’ombre menaçante d’Hitler se profile. Sous couvert du feuilleton « Fantômas », il dénonce la guerre avec la complicité d’Antonin Artaud. Puis un soir arrive un poulain sauvage : Jean-Louis Barrault suivi de Madeleine Renaud. Les deux couples resteront inséparables.

Hélas la guerre éclate en 1939 et Robert Desnos est mobilisé comme sergent fourrier sur la ligne Maginot. Echappant à l’ennemi, il revient à Paris, après la défaite. Henri Jeanson qui vient du Canard enchaîné et du Crapouillot, le fait entrer dans un quotidien fondé par l’occupant, Aujourd’hui. Ils pensent mine de rien, déminer l’idéologie nazie et vichysiste par sous-entendus. Parallèlement Desnos appartient au réseau de résistance «Agir».  Position périlleuse qui conduira à l’arrestation de Robert Desnos chez lui par la Gestapo le 22 février 1944. Déporté à Auschwitz, il meurt du typhus le 8 juin 1945.La sirène. A son retour de Cuba, le 3 avril 1928, Robert Desnos fait la connaissance de Youki, l’épouse du peintre Foujita qui lui déclare alors qu’il ôte ses lunettes : « Vous avez des yeux d’huître. C’est joli ». Robert Desnos prend bientôt ses quartiers dans la maison du couple au Parc Montsouris. Mais soudain un orage éclate. Foujita est rattrapé par le fisc et le couple s’enfuit à New-York. Robert est chargé de liquider la maison et les tableaux. De retour en France, sans argent, les Foujita, dont les relations se dégradent, s’installent avec Robert Desnos. Et la vie de plaisirs reprend ses droits. Cependant la rupture est pratiquement consommée entre les époux. Le peintre partira laissant la Sirène au poète.

La grande crise touche la presse. Les journaux disparaissent. Robert part à la chasse aux piges. Pour subsister, il travaille dans une agence immobilière. En novembre 1931, dans son agenda, on peut lire :


Ci-gît Robert Desnos

Il lui fallut beaucoup de plomb

Dans la tête

Pour enfin dormir

De ce bon sommeil de plomb


Néanmoins, la chance lui sourit au hasard de ses déambulations. Il rencontre Lise Meyer, l’une des muses du surréalisme, une vieille connaissance, devenue Madame Paul Deharme qui a fondé une agence de publicité et d’artistes pour la TSF : « Paul, a besoin de quelqu’un comme vous. » C’est ainsi qu’il commence à Radio Paris l’ancêtre de RTL Robert propose des scénarios, des histoires. Mais l’ombre menaçante d’Hitler se profile. Sous couvert du feuilleton « Fantômas », il dénonce la guerre avec la complicité d’Antonin Artaud. Puis un soir arrive un poulain sauvage : Jean-Louis Barrault suivi de Madeleine Renaud. Les deux couples resteront inséparables.

Hélas la guerre éclate en 1939 et Robert Desnos est mobilisé comme sergent fourrier sur la ligne Maginot. Echappant à l’ennemi, il revient à Paris, après la défaite. Henri Jeanson qui vient du Canard enchaîné et du Crapouillot, le fait entrer dans un quotidien fondé par l’occupant, Aujourd’hui. Ils pensent mine de rien, déminer l’idéologie nazie et vichysiste par sous-entendus. Parallèlement Desnos appartient au réseau de résistance «Agir».  Position périlleuse qui conduira à l’arrestation de Robert Desnos chez lui par la Gestapo le 22 février 1944. Déporté à Auschwitz, il meurt du typhus le 8 juin 1945.

Chantefables et Chantefleurs. Pendant l’occupation, au cours d’une soirée entrer amis, l’éditeur René Poirier suggère à Desnos d’écrire quelques petits poèmes pour les enfants ainsi naissent les Chantefables et Chantefleurs, illustrés de sa main, qui sont encore chantées dans les écoles maternelles, sous forme de comptines. Les Chantefables et Chantefleurs paraîtront après la mort du poète. Le poète Jacques Roubaud écrira dans Autobiographie : « on ne  saurait trouver meilleur signe de résistance d’une œuvre littéraire à l’érosion du temps que les échos que lui renvoie notre époque : la voix des enfants disant les Chantefables ».

Mireille HEROS

 

Le 2 août 2022

La mystérieuse

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos

 

 

Chantefable : la coccinelle

Dans une rose à Bagatelle
Naquit un jour la coccinelle.
Dans une rose de Provins
Elle compta jusqu’à cent-vingt.
Dans une rose à Mogador
Elle a vécu en thermidor.
Dans une rose à Jéricho
Elle évita le sirocco.
Dans une rose en Picardie
Elle a trouvé son paradis :
Coccinelle à sept point

Bête à bon Dieu, bête à bon point.

 

Robert Desnos

A lire :

- Robert Desnos, le roman d’une vie – Dominique Desanti, historienne, journaliste et romancière contemporaine de Robert Desnos

- La légende d’un dormeur éveillé – Gaëlle Nohant – biographie romancée.

Dans la collection Poésie / Gallimard

  • Corps et biens

  • Fortunes

  • Destinée arbitraire

  • Contrée suivi de Calixto

 

Dans la collection L’Imaginaire / Gallimard

  • La Liberté ou l’amour ! suivi de Deuil pour deuil

  • Le vin est tiré…

  • De l’érotisme

  • Nouvelles Hébrides suivi de Dada-Surréalisme 1927

 

Aux Éditions Gründ

 

  • Chantefleurs et chantefables

  • Apollinaire
  • Aragon Louis
  • Jean-Pierre Claris de Florian
  • Desnos Robert
  • Rimbaud Arthur

                                                        

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5, rue des Fêtes
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Tél.

06 88 33 75 24

Email : 

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