Pour Thierry Bertrand qui vient de rejoindre l’Académie de la Poésie Française : « La poésie est une respiration de l’âme. Le vers est son meilleur compagnon de voyage, musical et rassurant, comme un battement de cœur apaisé »
Ce Berrichon d’adoption se passionne depuis l’enfance pour l’écriture. Comme il aime à la dire , il est un adepte de la poésie néo-classique, fondée sur la rythmique des vers :alexandrins, octosyllabes, hexasyllabes. « Mes textes, confie-t-il, s’articulent selon les règles fondamentales de la syntaxe. J’affectionne notamment certaines formes fixes comme le sonnet ». Il trouve l’inspiration dans le temps qui passe, l’amour, l’au-delà, la spiritualité, le voyage intérieur, la condition humaine, l’érotisme, la Nature, l’Histoire… Il est l’auteur de Deux recueils de poésie : « Impressions d’avant-demain » et « Impressions d’après-hier ».
Thierry Bertrand est un fidèle des scènes ouvertes organisées à Bourges par l’association « Poètes en Berry » (« la soupe aux choux », « Printemps des poètes »), et à « La grange aux chats » à St-Martin d’Auxigny (Cher). Il est lui-même co-organisateur d’un salon artistique annuel, avec un espace réservé aux auteurs et autrices, à Vornay .
Ses poètes préférés : Lamartine, Baudelaire, Hugo, Verlaine, Ronsard, du Bellay, Verhaeren, La Fontaine, Prévert, Machado.
J’AI VU
J’ai vu mourir des jours, tristes comme des nuits ;
J’ai vu des nuits si bleues, qu’on aurait dit des jours.
Dans ses ornements clairs, j’ai vu périr d’ennui
la vie qu’on affublait d’éphémères atours.
J’ai vu fleurir au loin, sur des charniers perdus,
comme d’un fagot sec s’échappe une lueur,
l’espoir du lendemain que l’on croyait vaincu ;
j’ai vu des champs du mal exhumer le meilleur.
J’ai vu liquéfier par une horrible étreinte,
le fruit mûr écrasé du bonheur éternel
et l’amour foudroyé qu’on croyait hors d’atteinte,
s’ensanglanter d’un coup, frappé d’un sort cruel.
J’ai vu l’homme brisé, dans sa chute infernale,
qui ne suppliait pas tandis qu’on le toisait
et puis j’ai vu briller, comme une douce étoile,
le charitable éclat d’une main qu’on tendait.
(extrait du recueil « Impressions d’avant-demain » Thierry BERTRAND)
MEDIRESPIRATION (sonnet)
Je ne veux plus peser, je veux être de brume,
une lente vapeur, bleue comme le bonheur.
Je veux saisir du temps l’évanescente écume
chevauchant de l’instant la blonde apesanteur.
Ainsi libre et serein, plus léger qu’une plume
vers le pays de miel éclairé d’âmes sœurs,
livrant au quotidien ma dépressive enclume,
Je lâche prise et pars sur des pensées de fleurs.
La vie n’est qu’un matin pour des siècles de nuit,
j’épouse un courant d’air pour en figer le cri
Et guette chaque route où fleurit l’essentiel.
Alors je vais vers l’autre et son chemin de joie,
Respiré par l’espace, élevé par la foi
Et je vois dans son cœur toutes les clés du ciel.
(extrait du recueil « Impressions d’après-hier » Thierry BERTRAND)
QUAND ?
Un ciel d'argent sur des blés blonds,
où perce un phare, blafard,
au loin s'accroche à l'horizon,
où je m'égare, hagard.
Quand viendras-tu sur nos maisons,
si beau, si bon,
quand viendras-tu de l'horizon
nous apaiser de ton regard ?
Inquiet, je scrute l'horizon,
si grand, si rond,
attendant l'homme aux doux sermons,
si bleu, si blond.
Mais il me semble déjà tard,
si tard, si tard,
et le monde est un puits sans fond,
profond, profond.
(extrait du recueil « Impressions d’après-hier » Thierry BERTRAND)