On ne rit bien qu’en français !
Prince de Ligne
Cité par Avenir de la langue française n°78, décembre 2022
La Commission européenne impose l’anglais comme langue de travail dans l’organisme intitulé « L’Alliance pour les technologies des langues », qu’elle vient de créer et qui sera installé dans le château de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne.
Le Figaro du jeudi 11 avril 2024
Désormais, au château de Villers-Cotterêts,
Qu’on a vu consacrer à la langue française,
La langue de travail ne sera qu’en anglais,
Et c’est dans ce sabir qu’on va sucrer les fraises.
Mais moi, mes beaux Messieurs, je la trouve mauvaise,
La corde au cou comme les bourgeois de Calais,
Et comme eux les pieds nus, avant qu’on ne se taise,
Je ne peux désormais plus pleurer qu’en français !
Daniel Ancelet
Mon médecin m’oblige à marcher sans chaussures,
Mais demeurer pieds nus n’est pas la sinécure,
Me voici donc puni, mais par où j’ai péché,
C’est drôle de façon de se prendre le pied,
Comme je ne peux donc circuler qu’en chaussettes,
Ce n’est pas élégant lorsqu’on se veut poète !
Ne prétendez pas que je vous casse les pieds,
Même si mon humeur m’inspire un pied de nez,
Et si dans mes propos j’exprime mon mal d’être,
Ce n’est pas que je sois pris au pied de la lettre,
Je fais le pied de grue et vais en va- nu- pieds,
Mais c’est au pied du mur qu’il me faut m’afficher !
On dit bon pied, bon œil et que la vie est douce,
J’eus plus de croche- pied que de bons coups de pouce,
Contre le mauvais sort, j’ai lutté pied à pied,
Mais ne me dites pas que j’écris comme un pied,
Car c’est mon cœur qui parle, et si je rends les armes,
C’est pour baiser vos pieds que j’arrose de larmes !
Daniel Ancelet
Cette façon de n’être entré dans nos ombres que pour y porter un petit peu de lumière, comme un papillon entre un soir au jardin et s’en va devant la nuit.
Louis- Ferdinand Céline
LONDRES
Mon poème est un papillon
Qui vient sur le dos d’un rayon,
Entre au jardin dans la soirée
Et s’en va dès la nuit tombée.
Mon poème est un papillon
Dans mon pinceau, sous mon crayon,
Même si ce n’est pas grand-chose,
Il vous donne le goût des roses.
Mon poème est un papillon,
Il va, il vient, il tourne en rond,
Et part sans faire de manières…
Mais il apporte sa lumière !
Daniel Ancelet
Avril 2023
Ce sont deux mères qui attendent
Devant la porte d'un café,
Où les jeunes crabes, en bande
Aiment à boire et à chanter.
Un crabillon en sort en trombe
Et sans un seul pas de côté
Il va tout droit, comme une bombe,
Sur son rocher pour y cuver.
Sa trajectoire est exemplaire,
Une simple droite, c'est tout :
Hélas, soupire alors sa mère,
Je crois bien que mon fils est saoul.
Daniel ANCELET
On passe par différents goûts
En passant par différents âges,
Plaisir est le bonheur des fous,
Bonheur est le plaisir des sages.
Le chevalier de Boufflers
Mélusine ma sœur, mon enfant, ma bataille,
Rêverons-nous encore à ces chastes fiançailles,
Où l’âme parle à l’âme avec tant de douceur,
Que cette évocation nous fait battre le cœur ?
Sur nos bouquets épars et sur nos amours mortes,
Nous n’oublierons pas de refermer les portes,
Mais nous nous souviendrons de ces moments heureux
Dans ces jardins secrets où l’on n’est bien qu’à deux !
Daniel ANCELET
VOLTEFACE
C’est dans un doux froissement d’ailes,
Que la Muse, sortant du bois,
M’abandonne un moment ses doigts,
Car je n’aurais rien d’autre d’elle.
Peu me chaut de ces latitudes
Où siègent de plus hauts désirs :
Au carrefour des solitudes
Se place le banc des soupirs.
Puisqu’il n’est plus permis d’avoir mes jeux d’enfant,
Il me reste un secours dont j’use, saperlotte,
Je traite mes amis comme des échalotes,
Et les fais doucement revenir au vin blanc.
Si j’étais votre chien, au petit déjeuner,
Vous n’auriez jamais droit à de vastes harangues,
Mais je renverserais votre tasse de thé,
Pour vous débarbouiller à vastes coups de langue !
On revient à l’amour comme on remonte au front,
Car qu’on le veuille ou non, il s’agît d’une guerre
Où l’âme en plein élan étreint une chimère
Pour naître chrysalide et mourir papillon !
VIREVOLTE
Mon cœur ronfle comme une forge,
Car je lui dis, chaque matin :
Amour, je t’ai pris par la main,
Ne me saute pas à la gorge !
Ce bref hommage à Baudelaire,
J’ai mis, si je sais bien compter,
Quelques minutes pour le faire,
Mais trente ans pour y arriver !
Si je poursuis, avec ma flamme,
Ce que je trouve sous mes paz,
C’est que je suis, avec les femmes,
Comme les chiens avec les chats.
Même s’il me prend pour un autre,
Je poserai, c’est mieux que rien,
Mon baiser sur le nez du chien,
Puisque vous refusez le vôtre.
Ma recette, s’il plaît à Dieu,
Je vous en livre ici le code :
C’est d’ être en retard d’une mode,
Pour être en avance de deux !