De la poésie avant toute chose
Qu'elle se pose sur le cœur des roses
Pour chanter la paix et la liberté
Qu'elle vous apporte la sérénité
Belle année 2025
Thierry Sajat, Président, et les membres du Conseil d'Administration de l'Académie de la Poésie Française
Invité de la conférence du 8 janvier 2025, Daniel Ancelet, vice-président de l'Académie de la Poésie Française, a retracé le parcours d'un poète prodigieux : Raoul Ponchon.
Né à la Roche-sur-Yon (qui s’appelait alors Napoléon-Vendée), le 30 décembre 1848, Raoul Ponchon (de son vrai nom « Pouchon »), vit le jour au hasard des mutations de son père, capitaine d’infanterie d’origine dauphinoise.
André Dumas (1) note : « Ses études se firent au hasard des garnisons, à Angoulême, à Bourg-en Bresse…A vingt ans, il arrive à Paris, trouve de vagues emplois dans les banques et les compagnies d’assurances et prend part comme mobile à la guerre de 1870. »
Dans la biographie qu’il lui a consacrée, Marcel Coulon (2) confirme : « Le chassepot déposé, Ponchon devient employé de banques. Au pluriel, à raison d’une par an et jusqu’à concurrence de trois, plus une compagnie d’assurances. »
Qui se souvient des membres de l'Académie Goncourt en 1926 ? Personne.
De l'inauguration du Chat Noir en 1885 ? Peu d'entre nous. Et de Raoul Ponchon ? Encore moins. Rien d'étonnant. Ce poète libertin, bachique, bohème mais par trop modeste n'accepta de publier qu'un seul recueil de poèmes de son vivant, à 72 ans en 1920 La Muse au cabaret.
Élu membre de l'Académie Goncourt en 1924, il sut garder, malgré son grand âge, un regard plein d'humour et de dérision sur la vie, les femmes et le vin. D'autres recueils sont des sélections posthumes et sont actuellement presque introuvables.
Spirilège est un recueil réunissant des poèmes humoristiques et élogieux sur le vin. Ils n'ont pas pris une ride, bien qu'écrits avant et après la Der des Der. Laissons-nous aller à l'ivresse des vers de Raoul Ponchon.
Dans une société dominée par le patriarcat, l’affaire Violette Nozières, accusée de parricide, déchaîne les passions dans les années 30 et provoque une véritable tempête médiatique. A l’époque, les journaux sont imprimés à des millions d’exemplaires et l’information pénètre les foyers à l’instar de la télévision et des réseaux sociaux aujourd’hui. Deux camps s’affrontent ceux qui défendent Violette Nozières, victime d’inceste, et ceux qui l’accusent d’affabulations.
A la lecture de la presse, les surréalistes s’indignent voire s’insurgent contre une société masculine : « Et tous ceux qui font uriner leur plume sur le papier de journal les noirs flaireurs de cadavres les assassins professionnels à matraque blanche tous les pères vêtus de rouges pour condamner ou de noir pour faire croire qu’ils défendent (Benjamin Péret).
Au cours de la conférence du 11 décembre 2024, Isabelle Jousseaume est revenue sur le parcours de l’égérie des surréalistes.
De gauche à droite : Jean-François Blavin, pour la lecture des poèmes, Isabelle Jousseaume et Thierry Sajat.
Les éditions Thierry Sajat ont publié Muselli l’Épistolier - Autour de soixante-dix lettres inédites de Vincent Muselli à Suzanne Lehaut et à quelques autres correspondants, par Véronique Beaussillon, petite fille de Suzanne Lehaut et filleule du poète, et Christian Gury, essayiste. Les auteurs nous ont présenté leur livre, qui ajoute aux deux biographies du poète en l’humanisant ; car il prouve que l’écrivain n’était pas le misanthrope que l’on a cru, en même temps qu’il nous offre le beau portrait d’une mécène.
En classant des papiers de famille, Véronique Beaussillon, filleule de Vincent Muselli découvre des courriers inédits du poète. Des amis l’incitent à publier cette correspondance « Je fus d’abord partagée entre deux sentiments : d’une part, la frayeur de coucher sur le papier des échanges qui ne m’appartenaient pas et, d’autre part, la joie de fouiller ma mémoire à la recherche d’anecdotes familiales sur ce parrain disparu alors que j’étais très jeune. » En collaboration avec Christian Gury, par ailleurs auteur d’une étude sur Vincent Muselli, Véronique Beaussillon raconte ce parrain dont l’âme vagabonde peuplait le salon de sa grand-mère Suzanne Lehaut. Une photographie du poète en cape et canne à la main au-dessus du divan du salon ou encore des poèmes écrits de sa main, posés sur la table du salon pour être lus à toute heure…
Dans l’Albatros n°178 pru en décembre 2024, Daniel Lajeunesse, Daniel Simonelli et Jane Marcy rendent un vibrage hommage à la poésie sans oublier Thierry Sajat, président de l’Académie, qui en a fait son avant-lyre. « On a le sentiment parfois que la poésie est mise à l’écart… Alors qu’il n’en n’est rien, bien au contraire. Ce matin, en descendant la rue de Belleville, j’ai remarqué sur un mur une page blanche collée la veille sur laquelle était signé d’un prénom féminin un magnifique poème… Une passante s’est arrêtée pour le lire et m’a précisé que l’auteur chaque semaine remplaçait son poème…
Cet acte anonyme démontre bien la vivacité de la poésie, qu’elle soit de facture libre ou classique comme celle que nous défendons…. »
« Qu’a t’elle pour tant plaire en ce printemps naissant ?
Serait-ce ce parfum que la rime dépose
Dans le coeur de la douce et dont le rythme impose
De n’être que splendeur, moment éblouissant ? »
S’interroge Daniel Lajeunesse dans son sonnet « Dame Poésie » - lire le poème complet
Tandis que Jane Marcy, déclare sa flamme :
« Je te donne mon nom en gage de ma foi,
Garde-le près de toi chaque nuit, chaque jour…
Tu vas être adorée, critiquée quelquefois !
Mais tu seras toujours, Poésie, mon amour. »
Quant à Daniel Simonelli, il en appelle aux plumes pour défendre la belle :
« Poètes, levez-vous ! La muse vous attend,
Redressez votre plume et sans perdre un instant,
Car le monde a besoin de sentir vos étreintes. »
Daniel Ancelet, pour sa part, trouve le bonheur dans la rime. "Regardez ce qui se passe avec le rap et le slam. Les poètes y reviennent, las sans doute des formalistes, des performers, de ceux qui font du dada régurgité, bref tout ce vroum-vroum poétique. La rime, ça sonne. Elle n’est pas seulement une vieille recette du passé. La poésie contient le futur de la langue, si menacée aujourd’hui. Le poète doit être le gardien de sa langue.»
Lire l'article de Daniel Ancelet
Marianna Esposito Vinzi, conférencière et membre de la Société Dantesque de France, Paris Sorbonne a rejoint l’Académie de la Poésie Française.
Elle se propose de nous faire découvrir des poètes comme Madelaine Des Roches qui tenait son salon à Poitiers. Veuve, elle éditera ses poèmes avec sa fille Catherine. Critique de l’éducation des jeunes filles, passionnée par la politique et la philosophie, Madelaine Des Roches fait l’éloge de la femme forte et savante. Avec sa fille, elle s’inscrit dans une tradition littéraire de femmes écrivaines destinées à une longue fortune.
Rappelons que Marianna Esposito Vinzi a donné une conférence sur Colette. le 14 février 2024. Elle sera l'invitée de la conférence du mercredi 11 juin 2025 sur le thème "Marguerite de Navarre : une sensibilité féministe?"
Sonnets de Madelaine Des Roches (1520 -1587) et de sa fille Catherine Des Roches (1542-1587)
Madelaine Des Roches
SONNET
Pleurant amèrement mon douloureux servage
Qui tient mon corps mal sain, mon esprit en souci,
Le cœur comblé d’amer, le visage transi,
Cachant l’ombre de vie en une morte image,
Poème de Catherine Des Roches
Ouvrez-moi, Sincero, de vos pensées la porte.
Je désire de voir si l’amour de son trait
Vous engrave aussi bien dans le cœur mon portrait
Comme votre beau vers à mes yeux le rapporte.