Le 21 mai 2022, dans un geste symbolique, au nom de l’Académie de la poésie française, Angélique jetait une gerbe de fleurs dans la Seine au pied de la maison Vacquerie à Villequier. Cette ancienne maison de l'armateur Charles Isidore Vacquerie, a été le théâtre d’un drame qui a marqué à jamais le poète Victor Hugo.
« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. (…)
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
... »
Dès que l’on pénètre dans le jardin de cette superbe demeure, la mélancolie nous saisit : la mort d’un jeune couple, la douleur d’une famille endeuillée à jamais, la culpabilité d’un père, et la Seine qui s’en va rejoindre la mer, indifférente aux événements.
La maison Vacquerie est étroitement attachée à la vie et à l’œuvre de Victor Hugo. Les liens unissant les deux familles datent de 1837 lorsque Auguste Vacquerie demande au chef de fil des Romantiques, l’autorisation de représenter Hernani. Il s’ensuivra une amitié indéfectible. Journaliste, écrivain, Auguste Vacquerie suivra Victor Hugo en exil et sera même un de ses exécuteurs testamentaires.
Armateur fortuné du Havre, le père Charles Isidore Vacquerie(1779-1843) acquiert cette maison comme résidence secondaire. Son fils, Charles, épouse Léopoldine Hugo, fille du célèbre écrivain. Il périt avec son épouse en voulant la sauver de la noyade. Ils sont inhumés au cimetière de Villequier avec l’oncle et le neveu qui les accompagnaient, rejoints plus tard par Adèle, épouse de Victor Hugo, puis par leur deuxième fille également prénommée Adèle.
Depuis 1959, la maison s’est transformée en musée sous l’impulsion du conseil général de Seine-Maritime, qui a racheté les bâtiments en 1951. Les différentes donations des héritiers ont permis de reconstituer le passé des familles Hugo et Vacquerie. Tout d’abord le souvenir de Léopoldine : correspondance, cahiers de dictée, portraits...puis l’accident par lui-même avec entre autre le fac-similé de l’article d’Alphonse Karr par lequel Victor Hugo apprend la mort de sa fille alors qu’il rentre de voyage avec Juliette Drouet. La salle de billard propose un itinéraire de l’œuvre hugolienne à travers des dessins, portraits, gravures… On retrouve également l’attachement du poète pour les enfants à travers les dessins de Toto et Pista ou encore les bons points farfelus qu’il glissait sous les serviettes de ses petits-enfants.
Ce lieu chargé d’histoire et de lettres, retrace tout un pan de la vie sociétale, artistique et intime de deux familles qui ont marqué leur époque.
Mireille HEROS
25 mai 2022
A lire : Mes maisons d’écrivains d’Aragon à Zola – Victor Hugo à Villequier. Evelyne Bloch-Dano chez Stock
Photos : Jean Genisty - Mireille Héros