Dessine-moi un drone ou un robot pour la paix
On l’oublie parfois, peut-être souvent, mais faire de la petite enfance - de la naissance à huit ans – une priorité, est nécessaire, puisque ces enfants seront les adultes de demain. C’est pourquoi l’OMEP (Organisation Mondiale pour l’Éducation Pré-scolaire) en a fait l’un de ses principaux axes de travail. Lisbeth Gouin, enseignante engagée, aujourd’hui à la retraite, représente cette ONG à l’Unesco. Elle est partie prenante dans l’organisation du concours « Un poème pour la Paix ».
- Vous représentez l’OMEP à l’Unesco. Cette ONG œuvre au bien-être et à l’éducation des enfants de 0 à 8 ans. Elle participe aux travaux menés par l’UNESCO, l’UNICEF et le Conseil de l’Europe avec d’autres ONG. Pouvez-vous nous en dire un plus sur son action au service de la paix ?
Face aux conséquences de la seconde guerre mondiale, L’OMEP a été créé à la demande de l’UNESCO en 1948. Dès 1950 , une première Conférence mondiale sur la petite enfance s’est tenue à Prague. Les délégués de 17 pays y participaient. Aujourd’hui, l’OMEP est présente dans 63 pays sur les cinq continents : Afrique, Asie-Pacifique, Europe, Amérique Latine, Amérique du Nord/Caraïbes.
En 2009, j’ai participé à la première assemblée mondiale de l’OMEP à Göteborg en Suède. J’ai beaucoup aimé les objectifs de cette organisation, qui réunissait des éducateurs et des éducatrices des cinq régions du monde, autour des mêmes valeurs, à savoir : le bien-être, la santé mentale et physique, l’éducation, l’éducation à la paix des enfants de zéro à huit ans. Lors de mes voyages à travers le monde, j’ai pu comparer les différents systèmes éducatifs et mesurer combien la petite enfance était traitée différemment d’un pays à l’autre. A côté des enfants privilégiés, d’autres grandissent dans la grande pauvreté, la violence, la guerre, les déplacements climatiques, diverses catastrophes…
L’OMEP, prête à organiser sa 75ème assemblée mondiale, avait participé au premier congrès mondial sur la petite enfance en 2010 à Moscou. Puis à un second en 2022 à Tachkent, ou l’OMEP était à la tribune. Il est à noter dans les recommandations finales du congrès de Tachkent, qu’il est conseillé aux états, de consacrer 10 % du budget éducation pour la mise en place de politiques publiques de protection et d’éducation de la petite enfance avec un accompagnement des familles et de veiller à une formation de qualité des éducateurs et des enseignants. Aujourd’hui, en raison du changement climatique nous orientons notre action sur le développement de l’esprit critique et l’éducation au développement durable dès le plus jeune âge.
Et la paix ?
Elle est au cœur de notre action depuis toujours. L’éducation à la paix commence dès la naissance d’un enfant et même avant. Le rôle de la famille est très important. Si jouer à la guerre est simple, il faut de l'imagination pour jouer à la paix. Aussi, nous avons fait appel avec d’autres ONG partenaires de l’UNESCO aux enfants du monde entier pour qu’ils réalisent des dessins sur la thématique :
« Drones et robots pour la paix ».
Leurs dessins concernaient les problèmes rencontrés dans leur vie quotidienne : robots livreurs de vivres dans des lieux sinistrés, d'eau, d’'électricité; robots démineurs, pompiers, sauveteurs de naufragés; robots qui réunissent des familles éclatées par les migrations…... Nous avons travaillé avec une psychanalyste, un expert en robotique et un spécialiste de l’intelligence artificielle. Le tout a débouché sur la publication d’un livre d’éducation au service de la paix.
Il y a eu aussi des scénarios de marionnettes pour la paix, un festival de chansons pour la paix.
- Que revêt le mot paix pour vous lorsqu’il n’est pas associé à la guerre ?
Le contrôle de ses émotions. Une invitation à négocier, à dialoguer. L’acceptation des autres.
Propos recueillis par Mireille Héros
mars 2023