La beauté des mots de la poésie, un vecteur de paix
Durant plusieurs années, Gabrielle de Milleville, a représenté l'ONG Make Mothers Matter (MMM) à l'UNESCO. Membre du comité d’organisation du concours « Un poème pour la Paix », elle invite toutes les générations à emprunter le chemin de la beauté des mots pour bâtir la paix.
- Vous avez représenté Make Mothers Matter (MMM) à l'UNESCO pendant plusieurs années. Quel est le rôle des mères et de la famille en général dans la préservation de la paix ?
Les mères ont un rôle particulier dans la préservation de la paix, au-delà d'un simple rôle éducatif. Les Mères attendent et mettent au monde un enfant en s'efforçant qu'il grandisse, avant et après la naissance, en sécurité et confiance, en un mot dans la paix. C'est leur vœu le plus cher, certaines vont même jusqu'à confier leur enfant pour y parvenir malgré la douleur de la séparation, d’autres partent travailler loin pour assurer une éducation et un avenir à leur enfant dans la sécurité et la paix.
Actuellement on peut voir des mères russes interpeler le chef de l’Etat en faveur de la paix, et des mères ukrainiennes qui font plus de 3000 km en territoire ennemi pour ramener leur enfant auprès d’elles. Ailleurs, pour la première fois, en mars 2022, deux grands mouvements de femmes pacifistes ont réuni des mères israéliennes et palestiniennes pour tenir une « conférence de la paix » au bord de la mer morte durant laquelle elles ont déclaré : " lorsque nous commençons à parler de nos enfants et de la vie, nous avons l'impression de nous connaître depuis toujours". La recherche de la paix est universelle, elle permet de rassembler autour de valeurs communes, bien au-delà des antagonismes ancrés et discutables.
Les mères, comme les pères ou les grands-parents, sont prêtes à tous les sacrifices pour assurer la paix à leurs enfants. Tous sont les premiers « gardiens de la paix » car les premiers jours de l’enfant sont primordiaux. C’est un apprentissage de tous les jours, tant au niveau familial qu’au niveau de la société ; la paix ne s'impose pas, elle se partage.
- Que revêt le mot paix lorsqu’il n’est pas associé à la guerre ?
La paix s’oppose à la peur, il s’agit de l’aspiration de chacun tout au long de sa vie. Elle est très présente dans le langage courant : « Que la paix soit avec toi » lors de salutations, « laisse-moi en paix », « être en paix avec sa conscience » lors des étapes de la vie ou « qu’il repose en paix » à la fin de la vie, etc…
Ainsi la paix relève de l’universel mais aussi, et avant tout, de l’intime. La quête de la paix de l'âme, de la paix intérieure n’a jamais été autant présente dans notre monde en crise. Certains ont l’illusion d’associer paix et domination, mais la paix ne peut reposer sur la peur de l’autre. Au contraire elle se bâtit sur la compréhension de l’autre et la connaissance de soi.
C’est pour cette raison que ce concours de poésie, au-delà d’une activité littéraire, invite à un véritable éveil intime à la paix. En effet, l’imagination, l’introspection, voire la méditation, font partie du processus créatif. La poésie ouverte à tous est un vecteur de connaissances, d’échanges sur la beauté des mots et du monde. C’est en cela qu’elle devient un havre de paix capable de réunir toutes les générations et c’est là, à mon sens, le but de ce concours.
- Vous avez porté un projet avec des ONG au moment de la pandémie. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Comment agir en solidarité dans un monde en crise inédite où chacun est confiné et coupé du monde ? C’est pour tenter de répondre à cette question qu’un collectif de huit ONG partenaires de l’UNESCO s’est constitué et a initié un réseau de solidarité mondial afin d’interagir avec leurs associations sur le terrain.
Plusieurs groupes Facebook ont donc vu le jour en Afrique (Côte d’Ivoire, Afrique centrale, Afrique anglophone, Madagascar), Asie du sud, Asie Pacifique, Amérique du nord, Amérique latine, Europe et au Liban. C’est ainsi qu’une solidarité mondiale s’est construite par l’échange de solutions via les réseaux et a permis de rassembler des informations de terrain pendant la pandémie de COVID et de lutter contre la désinformation. Les organismes internationaux, dont l’UNESCO, ont pu recueillir des informations de terrain fiables.
Un rapport axé sur les priorités des secteurs de l’UNESCO (Education, Culture, Sciences Humaines et Sociales, Sciences et Communication et Information) a été élaboré afin d’établir une vision mondiale chronologique et thématique de l’évolution de la crise sanitaire au plus près des populations. Il a également permis de souligner l’élan extraordinaire de solidarité de la société civile qui a été déterminant dans les solutions apportées à la crise et de formuler des propositions pour un monde en reconstruction.
Propos recueillis par Mireille Héros
Février 2023
Lien : cf1bf6_0df0862dbadb4324a4e6ad2e97d0e330.pdf (reseausolidariteong.com)