Christine la biographe.
Christine a de quoi susciter la jalousie de ses détracteurs. Entre 1402 et 1403, elle compose un long poème de 6 000 vers « le chemin de longue étude ». Elle y met en scène quatre Dames Noblesse, Chevalerie, Richesse et Sagesse en quête d’un homme parfait pour gouverner le monde et y rétablir la paix et l’harmonie. Il constituera la base du «livre des fais et des bonnes mœurs du sage roi Charles V ».
En effet, en 1404, alors que la France est en proie à la période la plus noire de la guerre de cent ans, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, souhaite rendre hommage à son frère Charles V dit le sage, décédé 24 ans plus tôt. Il sollicite Christine, témoignant ainsi de la haute estime dans laquelle il tient cette femme de lettres, qui s’est acquise une solide réputation dans le monde des clercs et des hommes de pouvoir.
Le portrait qu'elle fait du roi coïncide avec celui qu'en feraient les historiens modernes. Elle dépeint un homme de bureau, efficace et compétent, autrement plus performant que les rois batailleurs qui l'ont précédé. La poétesse investit ainsi un champ proprement masculin pour rappeler à tous les droits et les devoirs d’un bon seigneur en temps de guerre. Elle dépasse le cadre étroit de la biographie et conçoit un manuel de bon gouvernement organisé autour de trois vertus : le courage, la chevalerie et la sagesse incarnées par Charles V.