Le 14 mai 2025, l’Académie de la Poésie Française donnait carte blanche au Café poétique d'Evreux qui existe depuis plus de 25 ans. Il a été créé par Martial Maynadier sous l'égide de la poétesse Blanche Maynadier (sa mère).
Le Café poétique d’Evreux est avant tout une aventure de lecture, puis d’écriture et d’édition a rappelé Martial Maynadier en ouvrant la conférence. Tout commence en 1999 avec un stage de poésie de trois semaines qu’il anime en tant que professeur de Lettres à l’IUFM d’Evreux-Rouen et qui se prolonge ensuite en des Cafés Poétiques proposant des lectures dans le salon de la Comtesse à l’hôtel de la Biche, qui sera ravagé par un incendie en 2006. Les Cafés seront repris dans d’autres établissements et ininterrompus jusqu’à aujourd’hui.
À la demande des participants, il crée un atelier d’écriture. Mais pour obtenir une salle auprès de la mairie, Martial doit créer une association. Se pose alors la question du nom de ladite association. Immédiatement celui de Blanche Maynadier s’avère comme une évidence. Mais comment évoquer la nature chère à la poétesse et les arts ? D’où l’idée, en jouant avec les mots, l’association Pont des Arts et Rencontres Culturelles Blanche Maynadier, ce qui donne l’acronyme Le PARC.
En 2009 Martial fait une rencontre déterminante avec le poète Pierre Blondel qui lui fait découvrir les Amis de la Poésie à Montmartre et l’Académie de la Poésie Française.
Les ateliers de lecture et d'écriture éveillent des vocations d'artistes. À force d'écrire, des livres sont publiés depuis 2008 dans la COLLECTION LE PARC gérée par l'association.
A partir de 2013, en retraite de l’Éducation Nationale, Martial se consacre à la gestion de de l’association et aux éditions de la Collection le Parc.
Plusieurs anthologies sont publiées et une revue mensuelle collationne les écrits rédigés chaque mois à partir du thème proposé. Aujourd'hui une quinzaine d'auteurs normands du Parc ont publié un ou plusieurs recueils de poésie. En une dizaine d’années La Collection le Parc qui s’est étendue hors de Normandie comptabilise quelques trois cents ouvrages d’une centaine d’auteurs différents.
Depuis la pandémie de covid, des ateliers à distance se sont ajoutés aux ateliers d’écriture mensuels ouverts aux adhérents, et 49 revues (anthologies de ces ateliers) sont déjà parues et ont été publiées sur le site de l’Académie, avec plus de quatre-vingt-dix contributeurs différents).
Enfin, chaque année, le dernier samedi du mois de mai, l’association organise une fête de la poésie, des livres et des chansons à la Maladrerie de Gravigny.
Mireille HEROS
VOYAGE INTERIEUR
A l'heure du coucher, se lève la rêverie.
Tous les soirs, tête enfouie en l'oreiller,
Je ferme les yeux dans le noir et la vis.
Au loin sur l'asphalte quelque vrombissement en espace,
Au près en mon cœur, ma respiration s'espace.
Sur le toboggan de ma trachée
Coulent les atomes mystérieusement.
Mon regard s'élève sous mes paupières closes
Happé par une myriade d'étoiles sur un voile noir.
J'enfourche l'instant et plonge dans ce néant.
Vertige, haut-le-coeur, je dévisse et tourbillonne
Plus légère que l'air.
J'aspire à l'évasion d'un voyage intérieur,
Je songe à mes rencontres, je peigne au fin mes heurts
J'aromatise mes fadeurs, j'épice mes langueurs,
Je sucre mes douleurs, j'épelle mes bonheurs,
j'irise mes regrets d'avoir béni ou pas
Le ruban de ma journée.
Mes pensées galopent, s'arrêtent ici ou là
Sur le quai de constellations imaginaires,
Astronautes égarées d'un univers interstellaire.
Epuisée, le cerveau en fusion, subrepticement je remonte
Ce cordon des arpents débridés de mon imagination,
M'offrant une prière en billet de retour
Aux calmes souffles de mon endormissement.
Eléna Miconnet
ORIGINES
Je suis née ici, France, terre d'espoir,
Mais je viens d'ailleurs aussi.
En mes veines coulent la Cantabrie et la Silésie
Concédant l'une à l'autre une place au miroir.
Vies secrètes, amours tourmentées,
Rencontres parfaites, jalons aimantés,
Pour deux cœurs expatriés
Désarroi et solitude adossés.
Le bonheur affligé pour enfants d'émigrés,
Porteurs des malheurs de parents en souffrance.
Se choisir une vie en pays de naissance,
Jongler à l'infini entre gènes lacés,
Lacés comme sont les lacets des souliers
Pour que tiennent nos pieds en sol ensablé,
Pour que vivent nos vies en l'adversité
Toutes repues d'amour et d'angoissante liberté.
Eléna Miconnet
LA VAGUE ET LE NUAGE
Marchent mes pas sur la côte sauvage,
Foulant la lande, les ajoncs, la bruyère.
Penche mon corps roué par le vent de passage
Les jours de grand temps à colère éphémère.
Sur les gros rochers vient s'écraser la vague,
Tossant la falaise de ses remous puissants,
Essaimant l'écume et ses flocons en chant impérieux
Sur son sein lacéré de fureur assassine.
Le ressac conspue ces lourdes machines,
D'une armée de géants repoussant les assauts,
Quand, toi le vent, félon et amer,
Disparais soudain, chassé par les nuages
Et un soleil radieux.
Eléna Miconnet