La femme du XVI siècle était affligée par l’idée répandue d’avoir d’un double visage, l’un angélique, l’autre diabolique : elle pouvait inviter l’homme à l’élévation spirituelle ou le conduire à la perdition morale. Très souvent accusée d’irrationalité, d’irresponsabilité, d’inconstance, et même d’être déficiente et limitée, on estimait juste soumettre la femme à l’autorité de l’homme et de circonscrire son rayon d’action à la sphère domestique1.
La défense de l’institution familiale impliquait notamment de protéger la dignité de l’épouse, puisque le lien matrimonial la plaçait au centre de la vie familiale. En contrepartie, juristes, moralistes, hommes d’Eglise s’accordaient pour exiger d’elle obéissance, modestie, chasteté, réserve et ils s’interrogeaient sur les méthodes éducatives les plus aptes à mettre en œuvre.
Néanmoins, dans la France du XVI siècle, dans le sillage de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance italienne, nous assistons à une première et incontestable affirmation du prestige intellectuel de la femme, dans une époque au cours de laquelle ont été forgées les mentalités occidentales.
Sur le modèle du De mulieribus claris (Sur les femmes célèbres ou Des dames de renom), une collection de biographies de femmes historiques et mythologiques écrites par l'auteur florentin Boccace, publiée en 1374, (œuvre traduite en français, au début du XVI siècle, par Anne de Bretagne), naquit une tradition littéraire destinée à une longue fortune, centrée sur l’éloge de la femme forte et savante selon les normes et les valeurs de son temps.
1 Chiara Mercuri, La nascita del femminismo medievale. Maria di Francia e la rivolta dell’amore cortese, Torino, Einaudi, 2024.