Mécène et poétesse. Grande mécène de savants et d’artisans du livre, des traducteurs et des intellectuels de son temps, elle fait honneur à la poésie française grâce à ses compositions poétiques traversées par une voix féminine qui favorise l’introspection. Elle possédait le sens de la magnificence et l’art secret de gouverner. Elle représentait l’exemple suprême de la perspicacité, de la prudence, de la clairvoyance politique et de la science diplomatique.
Femme mondaine, Marguerite de Navarre suit la cour dans ses pérégrinations, de Blois à Saint-Germain-en-Laye, d’Amboise à Chambord ; femme de lettres elle pratique une grande variété de formes littéraires et s’enrichit par la lecture des grands auteurs florentins, notamment de Dante et Pétrarque.
Elle correspond avec les hommes les plus puissants de son entourage. Femme cultivée et sensibles aux arts, elle parle plusieurs langues européennes et promeut la langue française, elle passe des commandes de manuscrits enluminés, s’intéresse au commerce du livre en général et apprécie la musique pour sa fonction récréative, liée de près à l’art du verbe, à la versification, c’est-à-dire à l’art du langage visant à exprimer des idées et des émotions par le rythme, l’harmonie et l’image.
Les goûts littéraires de Marguerite de Navarre se forment au contact de la doctrine courtoise, de la lecture du Roman de la Rose et des codes du langage d’amour liés aux thèmes moraux, racontés dans le futur Heptaméron. Elle apprend le latin, le grec ainsi que l’espagnol et l’italien (l’italien à l’époque était synonyme de prééminence culturelle dans les hautes sphères de la société). La passion de Marguerite et de son frère François Ier pour l’Italie s’enracine dans une éducation qui les a mis dès leur prime jeunesse en contact avec les grands textes tardo-médiévaux toscans.
Pour Marguerite de Navarre la préparation des filles à leur rôle dans le monde ne pouvait pas se limiter à la prière, aux devoirs domestiques et à celui de mère. Elle voulait jouer un rôle de mécène et dans le sillage de la grandeur et de la beauté de la Renaissance italienne ces apprentissages allaient de pair avec la formation du gout esthétique.
Lectrice des ouvrages de Christine de Pizan et d’Alain Chartier (poète, diplomate et écrivain politique qui écrivait à la fois en latin et en moyen français, l’on peut penser à son Bréviaire des nobles écrit en 1425), Marguerite de Navarre apprend des exemples à suivre selon la morale chrétienne et l’art de la courtoisie. Mariée à Charles IV de Valois, l’union permet d’apaiser une querelle entre deux branches cadettes de la Maison de France, les Angoulême et les Alençon. Pourtant, l’union ne sera ni heureuse, ni féconde. Le couple n’a pas d’affinités, les goûts culturels de Marguerite ne sont pas compris par son mari car il n’était pas lettré. Il ne correspondait donc en rien à l’idée du parfait amant dont la jeune femme rêvait.
Ayant survécu à Pavie, au cours des guerres d’Italie, Charles IV vit dans un profond sentiment de dépression qui le conduisit à sa mort : il décède à Lyon le 11 avril 1525 à l’âge de 36 ans laissant à sa femme un riche héritage. Marguerite avait 33 ans.
Une sœur de prince, même réputée stérile, peut s’avérer utile : elle permet de sceller des alliances politiques à travers des liens de sang. Il était temps donc de songer au remariage de Marguerite, remariage qui se concrétisera avec Henri II de Navarre, à Saint-Germain-en-Laye le 30 janvier 1527. Elle avait 35 ans.
Avec son mari à ses côtés, Marguerite de Navarre se concentre sur des projets qui lui tiennent à cœur. Le couple s’engage dans la protection des arts et ils passent des commandes de tableaux et d’œuvres d’art, de tapisseries, de meubles, et d’objets précieux très importants.
Le 16 novembre 1528, un an après son mariage, Marguerite, dont on doutait de la fécondité, accouche d’une fille, Jeanne III d’Albret (future mère d’Henri IV), une naissance très difficile dont elle se remettra peu à peu.
Photo : armoiries de Marguerite de Navarre