LE VERS LIBRE ET L’ALEXANDRIN
« Je suis libre, vois-tu, sans aucune contrainte !
Disait un jeune vers au vieil Alexandrin,
Peu m’importent mes pieds, je suis contemporain,
Je n’ai plus à rimer pour laisser mon empreinte.
S’il me faut concourir, je n’ai que peu de crainte
D’affronter le regard d’un juge souverain,
Je peux tout me permettre et demeurer serein
Sans risquer d’être exclu pour une règle enfreinte.
- Qu’il doit être grisant, lui répondit l’aïeul,
D’être ainsi libéré, mais te voilà bien seul,
Car personne n’est là pour répondre à ta rime.
A manquer de repère, on finit par vieillir
Bien prématurément... Prends garde à la déprime,
Totale liberté nuit pour en bien jouir ! »
Daniel Simonelli
Dame Poésie
Depuis qu’elle a perdu ses lettres de noblesse,
Que plus personne ou presque aujourd’hui ne la lit
Et que ses vieux amants ont déserté son lit,
La Dame Poésie a peur qu’on la délaisse.
Mais comment retrouver l’éclat de sa jeunesse ?
Si le rouge vermeil de ses lèvres pâlit,
La belle âme s’élève et le cœur s’anoblit
Face à l’adversité pour que l’espoir renaisse.
Poètes, levez-vous ! La muse vous attend,
Redressez votre plume et sans perdre un instant,
Car le monde a besoin de sentir vos étreintes.
Relisez les auteurs qui nous ont tant donné,
Ravivez les désirs et les flammes éteintes,
Bientôt la bien-aimée aura tout pardonné.
Daniel Simonelli