Toile de Ilia Repine, célèbre peintre russe
Réponse des Cosaques Zaporogues
au Sultan de Constantinople
Guillaume Apollinaire (1880 – 1918)
Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments.
Les Cosaques zaporogues ou plus simplement Zaporogues vivaient en amont des Rapides du Dniepr, dans la région historique de l'Ukraine centrale dénommée Zaporoguie.
Ils ont joué un grand rôle en conquérant les tribus du Caucase et jouissaient en retour d'une liberté considérable accordée par les tsars.
Sur le poème lui-même : Il s’agit là d’injures issues du langage populaire, tournant autour d’une animalisation des personnages (poisson pourri groin, cochon, jument) et d’une grossière scatologie (pet, colique, cul). Il faut ensuite noter que des injures toujours plus recherchées s’enchaînent du début à la fin du poème dans un rythme rapide.
On l’aura compris, il s’agit là d’une fin de non-recevoir au Sultan turc qui promettait un pont d’or s’ils s’alliaient à la Sublime Porte contre le tsar. C’est aussi un couplet à la fidélité et une réprimande à celui qui veut les détourner du serment fait au tsar.
Y.T. et Internet